Entretien avec Gilles Albalat, Directeur de l’Ardec, réalisé par Jérôme Provençal, journaliste indépendant, dans le cadre de notre dossier « LA FORMATION PROFESSIONNELLE, UN ATOUT POUR LA CULTURE EN OCCITANIE ».
Pouvez-vous présenter votre structure ?
L’ARDEC (Association Régionale de Développement des Entreprises Culturelles) – qui fête ses 25 ans en 2021 – travaille à la structuration et à la professionnalisation des entreprises culturelles. Elle compte 450 structures adhérentes, qui opèrent à 85% dans le champ du spectacle vivant (théâtre, danse, cirque, arts de la rue, musique). Depuis 2018, nos locaux se trouvent sur le site d’un ancien centre de tri postal de 750 m², dans le quartier des hôpitaux-facultés, à Montpellier. Ils abritent un grand espace de travail collaboratif qui nous permet de développer de nouvelles initiatives, notamment d’organiser des rencontres sur les thématiques du secteur culturel. L’action concernant la structuration des entreprises culturelles s’effectue en particulier via un pôle d’aide à la gestion sociale et financière – pôle fondateur de l’ARDEC. Nous participons aussi actuellement à des dispositifs d’accompagnement de l’AFDAS, par exemple les dispositifs Appui-Conseil RH et Rebondir créé en 2020 pour aider les entreprises à sortir de la crise.
Comment la formation professionnelle s’y inscrit-elle ? En quoi la réforme récente, initiée en 2018, change-t-elle la donne ?
La formation fait partie intégrante de notre action visant à la professionnalisation des entreprises culturelles. Nous proposons des formations certifiantes longues – six mois – destinées à des demandeurs d’emploi sur deux parcours différents : un parcours de responsable d’administration d’entreprise culturelle et un parcours de chargé.e de production de projet artistique. Nous avons par ailleurs un catalogue d’une vingtaine de formations modulaires axées sur l’administration, la production, la diffusion, la communication, l’organisation et le développement de projets. Ces formations de courte durée – entre deux et cinq jours – s’adressent plutôt à des personnes qui sont déjà en poste et qui souhaitent améliorer leurs compétences dans tel ou tel domaine de leur activité. Depuis quelque temps, j’observe une baisse de la demande de formations courtes. Je ne peux pas affirmer qu’elle résulte de la réforme mais l’obligation de certification liée au Compte Personnel de Formation (CPF) a probablement un impact négatif sur les formations courtes. Globalement, cette réforme rend les choses plus complexes, plus rigides, et réduit les choix des personnes en recherche de formation.
De quelle manière la formation professionnelle se montre-t-elle utile dans la sphère des musiques actuelles ?
Ce que la formation professionnelle peut avoir de bénéfique en général s’observe aussi dans la sphère des musiques actuelles en particulier : l’amélioration des compétences individuelles favorise le développement des projets et des structures. L’ARDEC traverse tout le champ culturel et n’a pas de stratégie particulière sur les musiques actuelles, contrairement à une structure comme Octopus qui opère dans ce secteur et peut y amener des modules de formation spécifiques.
Qu’apporte la formation professionnelle au niveau des territoires ?
La région Occitanie est à la fois très attractive sur le plan touristique et très bien pourvue en matière d’entreprises culturelles. Gage de plus-value, la formation professionnelle y apparaît indispensable. Elle tend à consolider les structures et à les pérenniser – ce qui rejaillit aussi positivement sur l’attractivité et le dynamisme du territoire. À cet égard, nous avons créé tout récemment un nouveau parcours de formation, baptisé Culture et Tourisme, adapté aux atouts et enjeux propres à la région. Son objectif est double : d’une part, amener les personnes travaillant dans la culture à s’approprier les enjeux du secteur touristique et à diversifier leur activité en conséquence ; d’autre part, inciter les personnes travaillant dans le tourisme à construire des projets artistiques pour augmenter l’attractivité de leur territoire. C’est un processus encore expérimental, qui a démarré en avril dernier.
Comment percevez-vous l’avenir de la formation professionnelle ?
Avec la crise sanitaire, difficile de dire à quoi l’avenir va ressembler… À l’heure qu’il est, il y a encore beaucoup de flou, d’interrogations. La formation professionnelle peut vraiment nous aider à sortir de cette crise. Il nous faut inventer des manières différentes de travailler : c’est là où la formation va forcément intervenir. Je pense que l’offre de formation va devenir de plus en plus spécialisée, s’adapter aux mutations du marché du travail et de chaque secteur particulier. Il va falloir élaborer de nouvelles approches de la formation professionnelle en co-construisant avec les entreprises culturelles – plus particulièrement du spectacle vivant – des parcours adaptés (formations intra-entreprise). À l’ARDEC, nous misons beaucoup sur cette approche car elle nous semble une voie essentielle pour l’avenir.
Pour aller plus loin : retrouvez les formations de l’ARDEC sur leur site.