Entretien réalisé par Jérôme Provençal, journaliste indépendant
CLAIRE DABOS – FREDDY MOREZON
Qu’est-ce qui constitue la spécificité d’un producteur indépendant opérant dans le domaine des musiques actuelles ? En quoi son rôle est-il important, en particulier au niveau du développement d’artistes ?
Un producteur indépendant travaillant dans les musiques actuelles se caractérise de plus en plus par sa polyvalence. Aujourd’hui, son champ d’action est très large et inclut des missions variées : il doit non seulement produire et diffuser de la musique mais également produire des événements, faire de l’action culturelle, s’inscrire dans des territoires, etc. Cela représente beaucoup de travail et de pression mais cela fait aussi tout l’intérêt de l’activité et cela suscite une grande stimulation. Freddy Morezon se distingue en ayant choisi de s’organiser autour d’un collectif de musiciens et de l’accompagner sur la durée. Il existe une vraie relation de fidélité entre la structure et ces musiciens, relation qui correspond à un positionnement fort en tant que producteur.
Quels problèmes principaux devez-vous actuellement affronter dans l’exercice de votre activité ?
Le créneau sur lequel nous sommes positionnés – celui des musiques improvisées et expérimentales – apparaît de plus en plus difficile à défendre. Depuis plusieurs années, nous constatons un phénomène de normalisation et de standardisation qui va en s’amplifiant, tant au niveau de la production que de la diffusion. Dans un tel contexte, tout sauf rassurant, parvenir à continuer de faire entendre des voix divergentes est le défi majeur qui se pose à nous.
Qu’espérez-vous en priorité pour cette nouvelle année ?
Chez Freddy Morezon, il y a une dynamique collective très porteuse qui nous fait avancer et progresser envers et contre tout. Nous espérons ainsi obtenir davantage de reconnaissance et pouvoir nous implanter encore plus dans le paysage musical, au plan régional et au plan national. Par ailleurs, nous voudrions voir apparaître à Toulouse une salle dédiée aux musiques improvisées, vraiment soutenue par les tutelles, comme on peut en trouver par exemple à Tours (le Petit Faucheux) ou à Nantes (le Pannonica). De tels lieux sont essentiels et l’Occitanie en manque vraiment.