Entretien réalisé par Jérôme Provençal, journaliste indépendant
DANY LAPOINTE – PRINTIVAL
Qu’est-ce qui constitue la spécificité d’un producteur indépendant opérant dans le domaine des musiques actuelles ? En quoi son rôle est-il important, en particulier au niveau du développement d’artistes ?
Je pense que la spécificité première des producteurs indépendants se manifeste dans le travail sur l’émergence. Les producteurs indépendants ne parlent pas de produits et n’ont pas d’exigence de rentabilité à court terme. Prenant souvent les projets plus en amont que ne le font les plus gros producteurs, ils mènent une activité soutenue de repérage dans les régions et sur les réseaux, en dialogue régulier avec les autres acteurs de la filière. Un producteur indépendant peut choisir d’accompagner et de défendre un.e artiste même si celui-ci ou celle-ci n’a a priori pas de fort potentiel commercial. La valeur artistique du projet est ce qui compte le plus. L’accompagnement se déploie sur du long terme et à 360° car le producteur gère tout : la création, la diffusion, le management, la communication, parfois aussi l’édition. S’établit ainsi une relation très étroite avec les artistes, fondée précisément sur leurs envies et leurs besoins.
Quels problèmes principaux devez-vous actuellement affronter dans l’exercice de votre activité ?
Par leurs multiples actions et leur engagement, les producteurs indépendants contribuent à assurer la diversité culturelle. Cet engagement relève souvent de l’activisme, au vu des conditions matérielles dans lesquelles ils doivent travailler. De fait, chez Printival, les problèmes auxquels nous sommes le plus confrontés sont des problèmes financiers. Même si nous pouvons dégager des revenus (via les concerts notamment), nous fonctionnons beaucoup avec les subventions. Sans un fonds de roulement conséquent, il est très difficile pour nous de réaliser les investissements nécessaires à la fois pour accompagner les projets artistiques et pour créer ou maintenir des emplois au sein de la structure. Ces problèmes financiers, que vivent plus ou moins tous les producteurs indépendants, me semblent inquiétants car j’y vois un risque d’essoufflement dans la profession.
Qu’espérez-vous en priorité pour cette nouvelle année ?
Malgré le contexte difficile, nous avons encore de l’énergie et nous continuons de chercher à innover. Néanmoins, je crois qu’il faudrait vraiment mettre en place des aides pérennes à l’attention des producteurs indépendants. Sans les moyens adéquats, leur capacité d’action, d’innovation et de développement est obligatoirement limitée.