Entretien réalisé par Jérôme Provençal, journaliste indépendant
NATHALIE MARTY – SIRVENTÉS
Qu’est-ce qui constitue la spécificité d’un producteur indépendant opérant dans le domaine des musiques actuelles ? En quoi son rôle est-il important, en particulier au niveau du développement d’artistes ?
La découverte et l’accompagnement des artistes émergents m’apparaissent comme les deux aspects majeurs du métier de producteur indépendant. Cela demande beaucoup d’énergie et cela nécessite aussi de vrais moyens. La question de l’argent est cruciale : il faut arriver à la fois à faire fonctionner la structure et à faire vivre les artistes de leur musique. A l’intérieur de Sirventés, nous tâchons de les accompagner au mieux pour y parvenir. Créée sous statut associatif en 1999, la structure est devenue une SCOP (Société à responsabilité limitée et à capital variable, Coopérative et Participative) en 2009. Tous les artistes que nous produisons et accompagnons ont des parts dans la société et sont associés au processus de décision. Par rapport à notre fonctionnement en général et au développement d’artistes en particulier, ce choix de structuration nous semble le plus pertinent et le plus vertueux. Dans la même logique, nous essayons de préserver la diversité musicale en Occitanie, et au-delà, en nous concentrant sur les formes contemporaines de musiques traditionnelles.
Quels problèmes principaux devez-vous actuellement affronter dans l’exercice de votre activité ?
Notre champ d’action peut être parfois mal perçu ou mal compris. Pour certains, nous avons une identité forte et une vraie raison d’être. Pour d’autres, ce que nous faisons et défendons relève du folklore… Ceci dit, le problème principal est évidemment d’ordre économique : tout est précaire dans la filière des musiques actuelles… Par exemple, Sirventés est très dépendant des crédits d’impôts et nous ne savons jamais s’ils seront maintenus d’une année à l’autre. Il s’avère très difficile de planifier quoi que ce soit sur du long terme, d’où une grande incertitude au quotidien.
Qu’espérez-vous en priorité pour l’avenir proche ?
Nous avons encore et toujours envie d’aller au bout de notre démarche, de concrétiser nos idées et d’arriver à faire exister au mieux les projets musicaux que nous portons : c’est la récompense finale de tous nos efforts.