Suite à l’apparition d’internet et au processus de numérisation de la musique, ayant généré de nouvelles habitudes d’écoute et de consommation, le champ des musiques actuelles connaît un bouleversement profond depuis le début des années 2000, marqué notamment par un effondrement des ventes de disques (des CD en particulier). De plus en plus nombreux et dynamiques, les producteur·rice·s indépendant·e·s participent activement à la mutation en cours de l’écosystème musical, recentré autour du live. Couvrant un large éventail de compétences – de la production à la diffusion en passant par l’administration de projets, la gestion de droits, la formation, l’aide à la décision ou encore la communication – avec une spécificité d’action propre à chacun, ils jouent un rôle déterminant au niveau du développement d’artistes.
Juridiquement, ce sont en grande majorité des personnes morales, surtout des TPE et des PME, le plus souvent sous le statut d’association loi 1901. À rebours de la tendance dominante à la standardisation, ces structures – dont certaines opèrent aussi dans des secteurs voisins (danse et arts de la rue, par exemple) – apportent un accompagnement complet aux artistes, adapté à chaque cas particulier. Portant sur le long terme des projets très variés, elles facilitent l’insertion professionnelle des artistes, encouragent la création et garantissent la diversité musicale dans leur territoire. L’Occitanie, l’une des régions de France qui compte le plus de producteur·rice·s indépendant·e·s, offre une excellente illustration de leur dynamisme et de leur force de stimulation.
S’ils apparaissent comme des intervenants essentiels à l’intérieur de la sphère des musiques actuelles, les développeurs d’artistes ne jouissent pas encore d’une reconnaissance suffisante, notamment de la part des pouvoirs publics. En outre, la plupart d’entre eux se trouvent dans une situation financière fragile. Présentée en 2016, une ample étude économique et sociale sur les développeurs d’artistes en Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon a permis de mieux cerner les contours et les enjeux d’un secteur d’activité en plein essor.
Par la suite, un Tour de France du développement d’artistes – organisé dans le cadre de la Coopération des Réseaux Territoriaux – s’est déroulé de septembre 2017 à octobre 2018 dans différentes villes et régions, la dernière étape ayant eu lieu à Montpellier lors du festival Tropisme. Son but : permettre des échanges, identifier des besoins, accroître des compétences ou encore favoriser des mises en réseau via des forums et séminaires thématiques.
Dans le prolongement de ce Tour de France, et toujours dans le cadre de la Coopération des Réseaux Territoriaux, la première grande étude nationale commune consacrée aux producteurs indépendants et développeurs d’artistes va être maintenant rendue publique à Nantes, durant l’édition 2020 des Biennales Internationales du Spectacle vivant (BIS). A l’orée d’une nouvelle année et d’une nouvelle décennie, une occasion idéale pour mesurer le présent et préparer l’avenir.
Jérôme Provençal
Journaliste indépendant (Les Inrocks, Politis, Ramdam…)