Entretiens avec les adhérent·e·s d’Octopus
- Basile Delbruel, AJAL – festival Roots’Ergue,
- Cécile Héraudeau, Convivencia – festival Convivencia,
- Alain Navarro, Arpèges & Trémolos – festival Pause Guitare,
- Carmen Prunet, Mama Sound – festival Mama Stock,
- Bénédicte Roux, Le Fil Production – festival Watt The Funk,
réalisés par Jérôme Provençal, journaliste indépendant, dans le cadre de notre dossier « L’ÉTÉ PASSE ET PASSE ET PASSE ET BEAUCOUP DE CHOSES ONT CHANGÉ : ON FAIT LE BILAN EN OCCITANIE ».
Quel impact a eu l’imposition du passe sanitaire sur votre structure ?
Au niveau de la fréquentation, les scores se sont révélés très en-dessous de nos attentes et de nos affluences habituelles… C’était assez catastrophique, nous avons perdu beaucoup d’argent.
- Alain Navarro, festival Pause Guitare
Le passe sanitaire a d’abord eu un impact au sein même de l’équipe. Venant s’ajouter aux autres mesures sanitaires déjà en vigueur, il a suscité des questionnements et des doutes quant à la tenue de notre festival Watt The Funk, en particulier parmi les bénévoles
- Bénédicte Roux, festival Watt the Funk
Basile Delbruel : L’événement phare de notre structure, le festival Fête & Détours de la Lumière, qui a lieu début août, a été particulièrement affecté par l’obligation du passe sanitaire. Suite à l’annonce de sa mise en place, les réservations pour le festival se sont arrêtées. La fréquentation de cette édition a représenté environ 1/3 de la fréquentation habituelle. La plupart des festivals de musiques actuelles sur la période fin juillet-début août ont connu le même sort… Depuis mars 2020, la communication erratique de l’État et les changements incessants de réglementations nous ont fortement mis sous tension. Concomitante à l’arrivée de la quatrième vague de la pandémie, l’obligation généralisée du passe sanitaire a rendu la situation encore plus éprouvante… Nous avons dû consacrer énormément de temps et d’énergie pour dialoguer avec les pouvoirs publics, le manque de coordination entre les instances nationales et régionales n’aidant pas… Une grande confusion régnait en juin-juillet.
Cécile Héraudeau : Cette année, le Festival Convivencia, scène navigante sur le canal du Midi, a eu lieu du 4 au 25 juillet. Dans un premier temps, nous avions fait le choix de limiter les jauges à moins de 1000 personnes afin d’éviter le contrôle du passe sanitaire – entré en vigueur à partir du 9 juin pour les lieux et événements culturels accueillant plus de 1000 personnes. Ensuite, durant le festival, Emmanuel Macron a annoncé l’extension du passe sanitaire à tous les lieux et événements culturels recevant plus de 50 personnes, à compter du 21 juillet. Les trois dernières dates/étapes du festival étaient concernées. Prévue justement le 21 juillet, la première date a pu être avancée au 20 juillet, en accord avec la municipalité et les artistes. La seconde date, le 22 juillet, a été soumise au contrôle du passe sanitaire car elle était accueillie et organisée par la Scène de Bayssan (à Béziers), qui – en tant qu’institution culturelle – ne pouvait pas se soustraire à cette obligation. Enfin, nous avons choisi de limiter la jauge à 49 personnes pour la troisième et dernière date, le 25 juillet à Frontignan, en accord avec la municipalité. Sur les trois dates, les décisions se sont prises facilement avec nos partenaires. En revanche, les choses ont été beaucoup plus compliquées au niveau de la communication auprès du public. Devoir gérer cette situation nous a pris un temps fou et nous a causé un maximum de stress. Par ailleurs, du fait de la limitation des jauges ou de l’application du contrôle du passe, nos recettes propres sur cette édition sont en baisse alors que nous avons eu de nouvelles dépenses liées à l’aménagement de site et à l’adaptation du format du festival.
Alain Navarro : Depuis octobre 2020, nous étions préparés à tout pour l’édition 2021 de Pause Guitare et déterminés à nous adapter. Nous avons dû changer plusieurs fois la configuration du festival dans l’intervalle mais l’annulation n’a jamais été une option. En février 2021, la Ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a posé un premier cadre pour les festivals d’été. Avec ce cadre, il était clair que nous risquions plus de perdre de l’argent en faisant le festival plutôt qu’en ne le faisant pas. Nous avons pourtant décidé de le faire, la Ministre s’étant engagée à soutenir financièrement les festivals qui auraient lieu. Il n’était alors pas du tout question de passe sanitaire. Celui-ci a été rendu obligatoire dès le 9 juin pour les événements accueillant plus de 1000 personnes – dont fait partie Pause Guitare. Le festival, qui s’est déroulé cette année du 1er au 18 juillet, en a donc subi l’impact sur toute sa durée. Nous ne savions pas comment mettre en place le passe. Heureusement, la Préfecture et l’Agence Régionale de Santé (ARS) ont mis à disposition des équipes et toute la logistique pour effectuer des tests de dépistage à l’entrée du site. Au niveau de la fréquentation, les scores se sont révélés très en-dessous de nos attentes et de nos affluences habituelles… C’était assez catastrophique, nous avons perdu beaucoup d’argent.
Carmen Prunet : La mise en place du passe sanitaire a tout d’abord suscité une réflexion sur les conditions de la continuation de notre activité avec cette contrainte – sachant que nous militons en priorité pour rendre la culture accessible à tou.tes. Nous organisons des événements gratuits dans l’espace public mais le passe sanitaire nous oblige à clôturer les lieux investis et à réserver l’accès aux personnes présentant le fameux passe. De plus, sur un plan strictement pratique, faire fermer un espace public ne va pas de soi. Pour cette édition du Mama Stock, qui s’est déroulée fin août au Parc Rimbaud (à Montpellier), nous avons dû mener des négociations avec la municipalité afin que l’accès au parc soit limité le temps de l’événement. La jauge n’était pas limitée et la fréquentation a atteint un niveau plus élevé qu’espéré, le public venant en grande majorité de Montpellier et des environs. Sur un événement plus récent, l’Afro-Market Mama Guinguette, qui a eu lieu le 11 septembre au Parc des Thermes (à Juvignac), chaque participant.e a reçu un bracelet permettant non seulement l’identification du contrôle du passe mais également la consommation à l’intérieur du site.
Bénédicte Roux : Le passe sanitaire a d’abord eu un impact au sein même de l’équipe. Venant s’ajouter aux autres mesures sanitaires déjà en vigueur, il a suscité des questionnements et des doutes quant à la tenue de notre festival Watt The Funk, en particulier parmi les bénévoles – qui, pour la plupart, ne travaillent pas dans le secteur des musiques actuelles. J’ai consacré beaucoup de temps à leur expliquer tous les tenants et aboutissants afin de les rassurer. Il a vraiment fallu accomplir un travail pédagogique en profondeur. J’ai tâché d’éviter la polémique et d’être le plus possible pragmatique. Ensuite, la mise en place du passe sanitaire s’est avérée difficile au début, faute d’engagement des collectivités locales, en particulier de la Préfecture. Heureusement, la situation s’est arrangée grâce à la mobilisation du Syndicat des Musiques Actuelles (SMA) et à l’intervention de certains sénateurs. Néanmoins, cela ne me plaît pas d’avoir dû activer mon réseau et jouer ce jeu politique pour obtenir ce qui me semble être un droit. Sur le plan de la fréquentation, le premier jour du festival a été un peu timide mais le deuxième a été très suivi. Le passe sanitaire va aussi affecter nos autres champs d’activité (production/accompagnement de projets artistiques, aide à la diffusion, etc.) dans des proportions que je ne peux pas encore mesurer.
Comment a réagi votre public ?
Sur les réseaux sociaux, nous avons eu quelques réactions assez violentes, voire haineuses, certaines personnes nous traitant de collabos.
- Carmen Prunet, festival Mama Stock
Dans l’ensemble, le public nous a soutenus mais nous avons malgré tout essuyé des critiques. Même si elles sont minoritaires, elles marquent davantage que les expressions de soutien.
- Cécile Héraudeau, festival Convivencia
Basile Delbruel : Nous avons subi des attaques en règle, été accusés d’être à la botte de l’État… Évidemment, ça fait mal, d’autant plus que nous avons eu le sentiment d’être mis au pied du mur. Durant les discussions menées avec le gouvernement depuis le début de l’année, en prévision des festivals d’été, il n’avait jamais été question d’un passe sanitaire. Après les annonces faites par Emmanuel Macron le 12 juillet, nous n’avions pas le choix : pour pouvoir organiser le festival, il nous fallait appliquer le passe sanitaire, même si nous ne sommes pas forcément en phase avec cette mesure d’un point de vue idéologique ou éthique. Il nous a aussi fallu fournir un travail important de pédagogie auprès de notre public.
Cécile Héraudeau : Dans l’ensemble, le public nous a soutenus mais nous avons malgré tout essuyé des critiques. Même si elles sont minoritaires, elles marquent davantage que les expressions de soutien. Certaines personnes nous ont reproché d’avoir fait le choix de ne pas contrôler le passe (sur deux des dates), considérant que c’était dangereux au vu de la situation sanitaire. A contrario, d’autres personnes n’ont pas compris l’application du passe sur la date du 22 juillet à Béziers. Enfin, quelques personnes n’ayant pas pu rentrer lors de la dernière date l’ont mal vécu. Tout du long, nous avons essayé de faire le maximum de pédagogie. Au final, nous nous sommes rendus compte qu’il n’y a pas de décision idéale dans un cas pareil…
Alain Navarro : Début juillet, le passe sanitaire n’était pas du tout rentré dans les mentalités car il restait une exception. En outre, au moment où tout le monde aspirait à pouvoir vivre plus librement et à profiter de l’été pleinement, il apparaissait comme une nouvelle mesure contraignante. Du coup, il a suscité un rejet épidermique d’une partie de la population. Sur les réseaux sociaux, nous avons reçu des critiques assassines de quelques personnes, certaines nous traitant même de collabos… Ça blesse mais ce n’est pas significatif. La majeure partie de notre public, que je connais très bien, n’avait simplement pas envie de se faire vacciner ou tester pour venir participer au festival. Quelque chose était cassé au niveau du désir.
Carmen Prunet : Nous défendons l’idée de culture populaire et notre public, plutôt assidu, n’est a priori pas très bien disposé vis-à-vis de ce type de réglementations… Sur les réseaux sociaux, nous avons eu quelques réactions assez violentes, voire haineuses, certaines personnes nous traitant de collabos. C’est particulièrement dur dans la mesure où l’obligation du passe sanitaire, loin d’être un choix délibéré de notre part, s’impose aussi à nous. Si nous ne l’appliquons pas, aucun événement n’est possible. Or, nous tenions vraiment à organiser le Mama Stock dans ce contexte contraignant, de manière aussi à soutenir les artistes et les techniciens.
Bénédicte Roux : Nous avons été confrontés à des réactions très violentes, notamment sur les réseaux sociaux, jusqu’à nous faire traiter de fachos… L’État n’en est bien sûr pas directement responsable mais il nous a laissé porter la responsabilité des décisions qu’il a prises et auxquelles nous n’adhérons pas forcément. Nous nous sommes sentis abandonnés, seuls face au problème. Heureusement, les syndicats et les fédérations nous ont bien soutenus. Canaliser l’équipe et désamorcer la tension n’a vraiment pas été facile. Je n’avais encore jamais dû gérer de telles situations dans le cadre de mon travail. Durant le festival, j’ai tenu à prononcer un discours sur scène pour rappeler les valeurs essentielles que nous défendons, à commencer par l’accès à la culture pour tou.tes. Tout cela demande énormément d’énergie et de motivation.
Quelles sont les aides dont vous bénéficiez ou aimeriez bénéficier de la part de l’État ?
Je crois que ce serait vraiment malvenu de laisser tomber les acteurs culturels qui se sont engagés cet été, ont mobilisé un maximum d’efforts pour maintenir et faire exister leurs manifestations.
- Basile Delbruel, festival Roots’Ergue
Basile Delbruel : Il faut reconnaître que l’État a apporté un soutien important à la filière des musiques actuelles durant la première séquence de la pandémie. Nous avons reçu une aide du Centre National de la Musique dans le cadre du fonds pour les festivals, les collectivités locales nous accompagnent également. Néanmoins, la situation reste tendue. S’agissant des pertes subies par l’édition 2021 de Fête & Détours de la Lumière, nous sommes en attente de dispositifs nous permettant d’atteindre l’équilibre. Je crois que ce serait vraiment malvenu de laisser tomber les acteurs culturels qui se sont engagés cet été, ont mobilisé un maximum d’efforts pour maintenir et faire exister leurs manifestations. J’ai plutôt bon espoir mais cette incertitude persistante est vraiment pesante.
Cécile Héraudeau : Nous sommes soutenus par diverses collectivités (la région, les départements, les communes, etc.). Étant donné que Convivencia est un festival gratuit, sans billetterie, nous ne pouvions pas prétendre au fonds exceptionnel d’aide aux festivals proposé par le CNM. Nous espérons obtenir le soutien exceptionnel de la DRAC Occitanie pour cette édition.
Alain Navarro : Nous allons recevoir une aide pour l’édition 2021 de Pause Guitare mais elle ne couvre pas la totalité des pertes, plus élevées que prévues. Par conséquent, nous espérons qu’un nouveau fonds de sauvegarde pour les festivals va être débloqué. Nous sommes loin d’être les seuls concernés, la plupart des festivals de notre catégorie ont réalisé des scores plus faibles qu’escomptés.
Carmen Prunet : Fin 2019, nous étions dans une volonté d’améliorer le fonctionnement administratif de notre association et nous avons fait appel à un cabinet comptable. Grâce à cela et grâce au suivi de notre nouvel administrateur, nous avons pu bénéficier de plusieurs fonds d’aide mis en place depuis le printemps 2020.
Bénédicte Roux : Sur cette édition de Watt The Funk, nous sommes un peu au-dessus de nos prévisions mais nous accusons tout de même un déficit d’environ 5000 €, ce qui est beaucoup pour une petite structure comme la nôtre. Nous avons rempli le dossier pour la compensation de pertes de recettes, une aide à l’initiative du Centre National de la Musique (CNM), mais nous n’avons pas encore obtenu de réponse.
Dans quel état d’esprit abordez-vous l’année qui se profile ?
Les festivals de grande ampleur qui ont annulé leurs éditions 2020 et 2021 vont revenir en force, avec des offres décuplées – à l’instar du Hellfest, par exemple. On risque d’assister à une concurrence terrible dans les programmations, entraînant une surenchère de propositions…
- Alain Navarro, festival Pause Guitare
Qu’il s’agisse du festival ou de nos autres activités, nous devons appliquer le passe sanitaire si nous voulons continuer. Sur le principe, nous le vivons comme une contrainte, à l’opposé de nos valeurs d’ouverture.
- Cécile Héraudeau, festival Convivencia
Nos équipes sont très fatiguées et nous ne voulons pas risquer de les exposer de nouveau à des réajustements permanents liés à la situation sanitaire.
- Basile Delbruel, festival Roots’Ergue
Basile Delbruel : Même si nous sommes très contents d’avoir pu recréer un lien avec le public durant l’été, nous avons décidé début septembre de réduire temporairement la cadence. Nous maintenons nos actions culturelles itinérantes, qui constituent un volet important de notre activité, mais nous faisons l’impasse sur le Roots’Ergue festival, qui devait avoir lieu fin octobre. Nos équipes sont très fatiguées et nous ne voulons pas risquer de les exposer de nouveau à des réajustements permanents liés à la situation sanitaire. Par ailleurs, nous ressentons le besoin de faire une pause pour analyser en profondeur la situation actuelle, réfléchir sur la problématique spécifique du passe sanitaire et repenser notre projet d’ensemble en envisageant toutes les options possibles au vu du contexte. Nous voulons préparer l’année à venir dans les meilleures conditions.
Cécile Héraudeau : Il me semble nécessaire de consolider nos liens avec les acteurs du territoire que nous couvrons (quatre départements en Occitanie) et renforcer nos actions culturelles en direction des publics fragiles. Qu’il s’agisse du festival ou de nos autres activités, nous devons appliquer le passe sanitaire si nous voulons continuer. Sur le principe, nous le vivons comme une contrainte, à l’opposé de nos valeurs d’ouverture. Selon moi, ce n’est pas le rôle d’un acteur culturel d’effectuer ce type de contrôle. J’ose espérer que le passe sanitaire ne sera plus obligatoire en 2022 mais je ne suis pas très optimiste… Il faut garder la foi et continuer à se battre, en relation étroite avec les réseaux et les syndicats là où nous sommes impliqués.
Alain Navarro : En dépit du paramètre financier, nous sommes convaincus d’avoir bien fait de proposer le festival cette année – pour le public, les artistes, les équipes techniques, les bénévoles et tous les prestataires. A la fois solidaires et citoyens, nous avons tenu à rester en accord avec nos valeurs. 2022 nous préoccupe déjà beaucoup. Vu le contexte, il est certain que nous n’allons pas réussir à vendre autant de billets en avance que d’habitude. La trésorerie s’annonce ainsi d’ores et déjà problématique… Les festivals de grande ampleur qui ont annulé leurs éditions 2020 et 2021 vont revenir en force, avec des offres décuplées – à l’instar du Hellfest, par exemple. On risque d’assister à une concurrence terrible dans les programmations, entraînant une surenchère de propositions… Il va falloir parvenir à se distinguer. Ceci dit, nous sommes des combattants et nous avons envie de proposer l’événement le plus attractif possible.
Carmen Prunet : Notre prochain événement, la Familiale des Cévennes, est prévu début octobre dans le quartier des Cévennes à Montpellier, et nous ne savons toujours pas s’il va pouvoir se dérouler… Au-delà, nous voulons poursuivre notre processus de professionnalisation et nous aimerions surtout pouvoir relancer le magazine/agenda Mama Sound, qui est le fer de lance de notre association et qui n’a pas paru depuis octobre 2020… Nous allons d’abord relancer le site internet avant de reprendre la publication du magazine, lorsque l’actualité des concerts sur Montpellier et sa région le permettra. Nous sommes assez impatients (sourire).
Bénédicte Roux : Je suis déjà très contente d’avoir pu proposer le festival cet été. Cela représente une grande victoire à mes yeux et cela redonne du courage. Contraints de mettre la pression sur notre public, les membres de notre équipe et les artistes avec lesquels nous travaillons, nous nous retrouvons dans une position très déplaisante et nous avons l’impression de devoir contrôler tout le monde. Ce n’est pas le cœur de notre action. Nous sommes là normalement pour créer du partage et de la convivialité. Actuellement, nous éprouvons une perte de sens de notre métier. J’espère vraiment que nous allons pouvoir bientôt retrouver un contexte plus stable et serein.