
Crédit Photo – Jean-Baptiste Millot
Entretien réalisé par Jérôme Provençal, journaliste indépendant
En dehors du Disquaire Day, que propose concrètement le CALIF pour soutenir les disquaires indépendants ?
La première aide mise en place, il y a plus de dix ans, consiste en une aide au loyer pour les nouveaux magasins. Délivrée sur dossier, cette aide s’étend sur trois ans. Elle est vraiment conçue comme un tremplin destiné à permettre à un nouveau commerce culturel indépendant de se lancer. D’autres aides se sont ajoutées par la suite, notamment une aide exceptionnelle (en cas de déménagement ou de travaux, par exemple), qui peut aller jusqu’à 3 000€. Nous sommes actuellement en train d’élaborer une nouvelle aide portant sur l’équipement numérique et la gestion des stocks. Nous proposons ainsi divers dispositifs de soutien aux disquaires indépendants et nous nous attachons à leur faire prendre part aux décisions qui les concernent. Nous sommes également engagés dans le projet de contrat de filière développé sur la région Occitanie par Octopus.
Comment percevez-vous la situation des disquaires indépendants en France ?
Cette situation m’apparaît paradoxale. D’un côté, il y a de plus en plus de disquaires indépendants – ce qui s’explique en partie par le retour en force du vinyle – et on parle beaucoup d’eux. D’un autre côté, si l’on observe ces disquaires au cas par cas, l’on s’aperçoit que la plupart ont des économies fragiles. Ils doivent en particulier affronter la concurrence sauvage du commerce en ligne et des grandes surfaces spécialisées. Le marché du disque est beaucoup moins bien régulé que celui du livre : pas de prix unique, TVA plus élevée… J’espère que le Centre National de la Musique (CNM) va pouvoir jouer un rôle à ce niveau-là. Par ailleurs, comme tous les commerces, les disquaires sont soumis à des aléas divers : le mouvement des gilets jaunes, les grèves ou encore, bien sûr, la pandémie du nouveau coronavirus…
Quelles sont les conséquences de la pandémie, et en particulier du confinement, au niveau des disquaires indépendants ?
C’est difficile à dire car les conséquences profondes risquent d’apparaître dans quelques mois seulement. A l’heure qu’il est, nous n’avons pas encore de données tangibles mais nous savons que de nombreux disquaires se trouvent confrontés à de sérieux problèmes matériels. Ces problèmes tiennent à la baisse considérable du chiffre d’affaires et à la difficulté de faire des prévisions, l’avenir apparaissant encore très incertain tant sur le plan sanitaire que sur le plan économique. Certains magasins se trouvent aussi confrontés à des bailleurs qui refusent des ajournements de loyers… Les disquaires peuvent bénéficier de certaines des aides de l’Etat dans le cadre de la pandémie. Par ailleurs, le CNM propose une aide – 1500€ maximum par magasin – à laquelle prend également part le CALIF. Ces aides sont évidemment bienvenues mais ne vont probablement pas suffire. Il va falloir imaginer d’autres dispositifs pour la suite.