Témoignage : Fabrice Aillet – Parcours d’Artiste 2011 / 2012

IMG_7330Déjà cinq ans que Fabrice Aillet a suivi la formation Parcours d’Artiste (filière musicale) à Avant-Mardi. Cinq années durant lesquelles l’artiste a consolidé ses projets musicaux, restructuré sa dynamique créative, diversifié sa palette artistique. Aujourd’hui, Fabrice chante, compose, joue et écrit dans l’un de ses groupes actuel, Ernest Barbery. Il réalise avec nous le bilan sur ces cinq dernières années.

Pourquoi vouliez-vous participer à la formation Parcours d’Artiste (filière musicale) ?

Il y a plus de dix ans, j’avais déjà fait la formation courte Sonorisation de concerts : les fondamentaux, je connaissais donc la structure depuis longtemps. Quelques années plus tard, je voulais des pistes pour développer et diffuser mon projet artistique. C’était un quartet de chanson française avec une couleur musique du monde, de l’improvisation et une scénographie vidéo. Nous étions quatre artistes et un vidéaste. Le projet s’est prolongé deux ans après la formation. D’un point de vue personnel, en tant qu’auteur, compositeur, créateur et interprète, mes créations personnelles s’inscrivent dans la continuité de ce premier projet, même si bien sûr, le temps creusant son chemin, la proposition artistique et son environnement professionnelles n’ont plus rien à voir aujourd’hui.

Quels sont vos souvenirs les plus marquants ? Le pire et le meilleur moment ?

En début d’année 2016, je suis venu témoigner sur la formation Parcours d’Artiste. J’ai rencontré les musiciens qui suivaient la même formation que moi il y a six ans. J’ai fait le constat qu’ils étaient à un stade de développement bien plus avancé que nous à l’époque. Ils se structurent bien mieux. D’un autre côté, ça signifie qu’ils en sont au même point que nous tout en ayant une bien meilleure connaissance du secteur. C’est donc un peu inquiétant par rapport aux perspectives de développement professionnel sur la filière musicale.

Mon pire souvenir ? Pendant trois mois, en tant que porteur de projet, tu es en formation et les autres membres du groupe sont en retrait. Au bout de deux mois, la résidence permet de retrouver son groupe. Toi tu as avancé et tu ne te poses plus la même problématique que les autres membres du groupe. Finalement, ça permet de rebondir et de se poser les bonnes questions. Parcours d’Artiste nous pousse à savoir très vite si le groupe et l’entourage fonctionnent, ce qui est essentiel pour la structuration et le développement du projet. Cela m’a permis d’identifier les projets qui se font dans la douleur, et donc de préserver mon envie. C’est le plus important car ce sont cette envie ce et partage que l’on transmet au public.

Comment s’est passé l’après-formation professionnellement ?  Qu’est-ce que la formation t’a apporté concrètement ?

Parcours d’Artiste n’a pas vocation à intervenir sur le contenu artistique mais doit apporter des informations et des pistes pour l’accompagnement extérieur à l’artistique. Cependant la formation a influencé ma création. A force de s’interroger sur les réseaux de diffusion et les esthétiques qui les caractérisent, on comprend que notre proposition artistique implique des conditions techniques, une attente en termes de régie d’accueil et de diffusion… Et qu’il faut s’adapter à ce que l’on souhaite cibler. Cela a abouti à un constat quant au stade de développement de mon projet et à ses possibilités de diffusion, il fallait opérer quelques ajustements et ça m’a grandement facilité la tache par la suite. J’ai donc cherché un équilibre entre le projet dont je rêvais et la réalité d’un contexte. C’est un constat un peu difficile, mais une fois que tu l’as compris tu perds beaucoup moins d’énergie, ce qui est primordial dans ce métier.

Vous travaillez avec quels types de structures ? Quels sont vos projets en cours ?

Tout d’abord il y a Ernest Barbery, le projet en continuité de celui que je portais pendant la formation Parcours d’Artiste. C’est maintenant un trio de chanson pop hybride, axé sur un réseau de musiques actuelles. Il y a également le Commando Nougaroun collectif de création collective de chanson française. J’ai développé un projet de spectacle jeune public et je participe à des projets en tant que « simple musicien » et dans ce cas, c’est un réel plaisir de ne pas être porteur du projet : me mettre au service d’autres artistes me permet de recentrer mon énergie et de me libérer de certaines contraintes, mais aussi de développer de nouvelles idées créatives. Avant la formation Parcours d’Artiste, j’étais élève à l’école de jazz et musiques actuelles Music’Halle. Aujourd’hui, j’y fais des remplacements en tant qu’enseignant. Je suis sollicité pour des projets d’action culturelle avec divers interlocuteurs dans des écoles et des lycées.

J’ai certes moins de temps pour mes projets personnels, mais il y a la réalité professionnelle qui demande à se diversifier. Mes différents projets ne se situent pas dans les mêmes réseaux de diffusion, ce qui me permet de travailler sur des calendriers différents, c’est une véritable chance. 

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait faire cette formation à Avant-Mardi ?

Qu’il faut y aller ! Cette formation est fondamentale : même si on a un super projet artistique, il faut savoir comment le développer, au risque de rester à la porte du local de répétition. Mais il faut être prêt à accepter la difficulté. D’un autre côté, la formation permet d’arrêter de fantasmer un métier et de faire face à la réalité professionnelle. Elle permet également de rencontrer des acteurs culturels, de s’entourer, de savoir avec qui on a envie de travailler et de savoir quand et comment les solliciter. 

Je donnerais un second conseil : ne pas laisser la création au profit de tout ce qu’il est nécessaire d’accomplir pour structure son projet, ne pas mettre de côté son envie de partage avec le public. C’est le moteur du développement du projet. Il faut trouver un équilibre entre la formation et la création avec son groupe. Il faut être prêt à faire des ajustements. Globalement, la formation permet de gagner énormément de temps.