Entretien avec Yves Bommenel, Directeur du développement d’illusion & macadam, réalisé par Jérôme Provençal, journaliste indépendant, dans le cadre de notre dossier « LA FORMATION PROFESSIONNELLE, UN ATOUT POUR LA CULTURE EN OCCITANIE ».
Pouvez-vous présenter votre structure ?
Groupement coopératif d’entreprises culturelles, fondé en 2001 et basé à Montpellier, illusion & macadam déploie son activité suivant deux axes principaux : d’une part, la structuration du secteur culturel via l’accompagnement administratif, le conseil et la formation professionnelle ; d’autre part, la production et la diffusion des créations artistiques. À l’intérieur de la sphère culturelle, nous couvrons un large champ d’action, de la danse aux musiques actuelles en passant par les arts de la rue, les arts plastiques, l’audiovisuel ou encore le jeu vidéo. Depuis janvier 2019, nous avons ouvert un tiers-lieu, la Halle Tropisme, qui met à disposition des espaces de travail, organise ou accueille des événements artistiques et abrite également un café-restaurant.
Comment la formation professionnelle s’y inscrit-elle ? En quoi la réforme récente, initiée en 2018, change-t-elle la donne ?
Nous menons une activité de formation depuis une douzaine d’années. Les diverses réformes entreprises dans l’intervalle ont eu un impact notamment sur le système de financement, qui s’est complexifié. Quant au Compte Personnel de Formation et au passeport formation, outils a priori utiles, ils me semblent encore peu exploités. Sur un plan plus positif, l’importance croissante accordée aux régions permet de développer l’offre locale. Illusion & macadam en propose d’ailleurs plusieurs dans ce cadre : Tourneur, manager, développeuse, développeur d’artistes ; Comédienne, comédien, jouer pour les écrans ; Entrepreneuse, entrepreneur culturel·le à l’ère numérique.
De quelle manière la formation professionnelle se montre-t-elle utile dans la sphère des musiques actuelles ?
La révolution du numérique a entraîné un bouleversement profond du secteur culturel en général et du champ des musiques actuelles en particulier, à commencer par la filière phonographique. Les innovations technologiques ont considérablement modifié les modes de consommation, de production et de diffusion de la musique. La formation professionnelle apparaît alors vraiment essentielle, que ce soit au niveau artistique, technique ou juridique, la polyvalence étant de plus en plus encouragée aujourd’hui.
Qu’apporte la formation professionnelle au niveau des territoires ?
La formation professionnelle a comme principaux enjeux d’amener les personnes au chômage à retrouver un emploi et de permettre aux personnes qui ont déjà un emploi d’élargir leurs compétences afin de mieux se valoriser ou se consolider sur le marché du travail. Les entreprises en bénéficient aussi dans la mesure où elles deviennent plus performantes si leurs salariés accroissent leur savoir-faire. En Occitanie, où le taux de chômage est élevé, ces enjeux s’avèrent vraiment saillants, notamment dans le secteur du spectacle vivant, qui emploie beaucoup de monde. Le réseau des industries culturelles et créatives s’est fortement développé depuis quelques années et le niveau d’expertise a beaucoup augmenté, grâce en particulier à une offre de formation très attractive dans la région. Certaines personnes qui viennent ici pour se former y restent ensuite pour mener leur activité ou tissent des liens avec des acteurs locaux, ce qui a une incidence positive sur l’écosystème global.
Comment percevez-vous l’avenir de la formation professionnelle ?
Les confinements imposés par la Covid-19 ont conduit à expérimenter dans l’urgence de nouveaux processus de formation, à distance, via internet. Cette situation exceptionnelle suscite par extension un questionnement en profondeur sur l’évolution de la formation. Quels outils pédagogiques faut-il désormais mettre en place ? Faut-il s’engager plus encore dans la voie du numérique ? Mélanger interaction, présentiel et temps asynchrones ? De manière générale, deux grandes tendances se dessinent à mes yeux : une individualisation accrue des parcours de formation et une adaptation des offres aux besoins spécifiques de chaque personne ou de chaque entreprise. En parallèle, l’échange de compétences entre personnes, de pair à pair ou de collègue à collègue, se développe de plus en plus et soulève de nouveaux enjeux majeurs en matière de formation professionnelle.
Pour aller plus loin : retrouvez les formations d’illusion & macadam sur leur site.